Coucou Martha Argerich,
Coucou le Conservatoire de Paris,
Coucou les rêves,
Adieu les rêves.
Je ne suis pas sûre de m’être bien réveillée de ce film. Je l’ai vu comme un cauchemar.
J’ai adoré le son. Son montage, son traitement. A l’égal de l’image, ce qu’il est rarement. D’habitude il accompagne, il soutient l’image. Là, il règne (un peu).
J’ai adoré voir deux films pour le prix d’un (vous verrez). Aussi bien traités l’un que l’autre.
J’ai adoré qu’il n’y ait pas un seul petit-bout-de-misogynie-qui-pique. Tu sais, ce sentiment quand tu vois un film d’auteur·ice, et que bim t’as les vieux démons patriarcaux qui viennent pourrir le travail de l’artiste, comme pour dire que l’art n’a pas sa part de travail dans le patriarcat, comme si l’artiste n’avait pas sa part politique à faire… Sur un film qui commence sur l’idée d’une mère qui abandonne sa famille, j’avais mis mon bouclier. Pas de misogynie, donc. C’est un étonnement complet, et un confort royal !
J’ai adoré voir des des pianos, tout plein, entendre de la musique, tout plein. Des pianos en plastique, des pianos vieux-qui-ont-un-son-rouillé, des pianos étalon-noir-laqué… Des pianistes connues, des pianistes pas connues, des musiciennes filmées. Des mains de pianiste parfaite, des mains de pianiste griffeuse pas académique.
J’ai adoré voir des enfants qui jurent. J’ai même envisagé montrer ce film à ma fille. C’est que dans ma famille – voyez-vous – nous avons une culture qui se veut contre l’âgisme. Récemment, Anatomie d’une chute l’avait séduite pour cette seule raison : on y voit un enfant qui est filmé… normalement. J’entends : qui a un rendu réaliste, qui filme avec un œil qui n’est pas seulement celui de l’adulte qui idéalise, sacralise, ou salit cet âge, un œil qui filme juste une personne de cet âge, plutôt qu’un enfant tel qu’il vient chargé de ses stéréotypes.
J’ai adoré comprendre que si je ne comprenais rien c’est justement parce qu’on ne peut rien comprendre, et qu’il est peut-être même important de ne rien comprendre dans ces moments de vie. A la fin. Vous verrez.
J’ai beaucoup aimé les humains et les humaines, ne pas voir la mer, j’ai aimé sentir la peau, entendre les cris comme s’ils étaient dans ma main. J’ai aimé l’imperfection de ce film et la tristesse.
Merci pour ce film. C’était bon.
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