C’est une plaie béante dans mon été,
Un deuil insurmontable,
Une tragédie…
Je n’ai pas pu aller au festival Le Bruit de la Musique qui a eu lieu du 10 au 12 août en Corrèze.
Je vous parlais l’an dernier du festival Riverrun, dans la catégorie musique-contemporaine-massage-de-l’oreille… Auquel je ne pourrai pas assister NON PLUS cette année (arg…).
J’avais rencontré là-bas une personne nous ayant donné quelques dates à ne pas manquer en France, puisque j’étais en manque de « bruit organisé ». Et Ô surprise, j’ai appris qu’un festival correspondant sensiblement à mes critères était organisé depuis plusieurs années non loin de mon logement principal (puisque je me meus comme un lézard à travers la France et le monde…). Je suis assez casanière mais surtout débordée par différents projets depuis plusieurs années (ça c’est pour : « pourquoi je ne l’ai pas remarqué avant, ce fichu festival »).
Alors à défaut d’y être allée, je bave encore un peu sur l’affiche et je me promets résolument d’y aller l’an prochain. Foi de moi, j’y serai ! Et double résolution : il y a intérêt à ce que l’on trouve de la musique contemporaine à Istanbul ! Snif ! (Stambouliotes, n’hésitez pas à m’en parler, d’ailleurs).
Je n’ai donc rien à dire sur ce festival auquel je n’ai pas assisté, si ce n’est que je suis heureuse qu’il existe. Contrairement au festival Riverrun pour lequel la plupart des spectacles sont gratuits, je précise que ce festival ne jouit pas du même avantage.
J’ai aussi eu un petit « wizz » de plaisir / nostalgie quand j’ai vu que la décoration était assurée entre autres par Ana Gianferrari, dont j’avais eu le plaisir de croiser le travail et la personne. Anna ou Ana, que je préfère nommer Ana pour des raisons très personnelles (et croyez-moi ça fait vraiment toute la différence, surtout à l’oral…), est plasticienne. Je vous invite à visiter son site si vous ne connaissez pas son travail.
Je me rappelle notamment d’échanges sur l’état de création artistique. J’avais réalisé grâce à Ana que lorsque l’on joue, on est dans un état de création et non de restitution contrairement à certains autres arts. Dans la musique, le travail technique et le travail d’interprétation ont certes été faits en amont, mais c’est bien le moment où l’on joue la musique, le moment du concert, qu’à chaque fois, l’on recommence l’acte de modeler la matière sonore en musique, avec ce que nous sommes à ce moment-là physiquement et psychologiquement. Au contraire, les œuvres plastiques ou les œuvres littéraires par exemple (que je côtoie de plus près), lorsqu’elles ne sont pas présentées sous forme de performance, seront créées à l’abri des regards, dans sa bulle. La personne que vous verrez lors du vernissage est l’artiste, mais ce n’est pas l’artiste en état de création. L’état de création de l’artiste se passe donc dans un espace protégé. C’est au moment du « coming out », de la sortie de son travail, que l’artiste se confronte au regard des spectateur·ices.
Or cet état de création peut être plus ou moins intime. On peut être plus ou moins « pudique de l’état de création ». En ce qui me concerne, de nature majoritairement très introvertie, la plupart des actes font partie du domaine de l’intime, de ma bulle très personnelle, et ouvrir ces espaces au regard de l’autre est une difficulté en soi. Montrer un travail fini à des centaines de personnes et l’assumer publiquement me semble déjà quelque chose de difficile en soi. Mais créer face devant des centaines de personne, c’est-à-dire être en état de création, est pour mon organisme un acte contre-nature. J’avais donc réalisé que je m’étais trompée de pratique artistique.
Cet échange sur nos états de création avec Ana font partie de ces pas qui me permettent de me définir en tant que musicienne. J’ai une profonde gratitude pour ces mots.
Je vous laisse avec mes bons souvenirs, et peut-être se croisera-t-on au Bruit de la Musique ?
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