La Petite Rugissante

Dans un lieu collectif…

Je partage ici une jolie initiative. Il y a maintenant quelques temps, nous avons vécu sur un lieu collectif. J’y avais mis le Rameau à disposition dans l’une des salles communes. Le Rameau est un piano qui depuis a poursuivi sa route dans d’autres contrées. J’avais eu la joie de rencontrer une élève avec qui nous avions commencé à partager un travail, qui se poursuit encore aujourd’hui. Et par ailleurs, lorsque les jeunes se retrouvaient sur ce lieu, il n’était pas rare qu’ils et elles en profitent pour jouer de ce piano. En termes pédagogiques, j’ai beaucoup appris avec cette élève et les jeunes qui l’entouraient.

Des jeunes qui apprennent la musique sans solfège

Leur façon d’apprendre le piano sans solfège se fait uniquement à l’imitation. Cette observation a confirmé des hypothèses de nouvelles pratiques de l’enseignement de la musique sans solfège et collectives, que je m’étais formulées une bonne dizaine d’années auparavant, mais que je n’avais pas pu tester faute de moyens. Ces jeunes mettaient ces idées en pratique spontanément, par le simple désir d’apprendre et s’entre-apprendre à jouer. Iels se transmettent un répertoire riche, varié, de manière tout à fait orale, sans solfège. Ils et elles ont une intelligence particulière à cet exercice, qui n’a rien à envier aux compétences des musicien·nes qui lisent. Leur pratique repose sur l’oreille, l’observation visuelle, et la mémorisation, à un niveau plus poussé que lorsque nous apprenons la musique en la lisant.

Le monde de la non-scolarisation (ces jeunes étaient ou sont encore aujourd’hui majoritairement non scolarisé·es) est aujourd’hui faune en danger. Beaucoup d’expérimentations et originalités pédagogiques y sont pourtant menées. Malheureusement, leur caractère informel rend leur voix mineure. Le travail effectué par les pédagogues (majoritairement des mères) et les jeunes reste dans l’ombre, alors qu’il est sans aucun doute, « la marge qui tient la page » de la pédagogie.