Cours de piano en ligne, écoute empathique

Une main bienveillante et pleine d'espoir, c'est peut-être une prof de piano évadée ?

Les violences pédagogiques dans la musique

En apprenant le piano, vous avez peut-être comme moi, croisé le chemin d’un·e prof qui vous aura fait subir les fameuses violences pédagogiques au Conservatoire ou dans des cours particuliers. Petites, grandes ou graves, elles ont des conséquences variées :

  • découragement et dévalorisation : « je suis nul »
  • difficultés de concentration « je n’arrive plus à mémoriser », « je n’arrive plus à jouer en public »,
  • un manque de sens : « je sais jouer du piano, mais je ne suis pas musicienne… »
  • des crises de panique au contact du son de l’instrument ou à l’évocation de l’instrument,
  • etc.
  • … voire un arrêt définitif de l’apprentissage.

La plupart de ces violences sont banales, et d’autant plus au Conservatoire, lieu d’élitisme qui justifie ses violences par la recherche d’une excellence. Cela ne signifie pas qu’elle ne sont pas graves, mais qu’elles paraissent normales à tout le monde, et d’autant plus quand ce sont des mineurs qui les subissent. Pour remettre les pendules à l’heure, je vous propose une définition de la notion de violence pédagogique, et quelques éléments pour les comprendre. Enfin, je vous encourage à témoigner si vous en avez été victime, afin de mieux faire comprendre les conséquences de ces comportements abusifs.

Que sont les violences pédagogiques ?

Les violences pédagogiques, ou VP sont toutes les violences commises au sein de la relation enseignant·e – apprenant·e, dans lesquelles l’enseignant·e profite du pouvoir qu’iel a temporairement sur la personne pour dépasser des limites sans retenue, avec un conflit entre l’intention pédagogique et l’égocentrisme du ou de la pédagogue.

Les violences sexuelles ne sont pas incluses dans les violences pédagogiques. Elles sont des violences à part entière et font partie d’une autre catégorie. Car même si elles sont commises dans le contexte d’un statut de domination institué par l’apprentissage, elle ne sont pas commises avec une intention pédagogique.

Cependant, les violences sexistes peuvent faire partie des violences pédagogiques (ex : refuser ou décourager une fille à apprendre la batterie).

A quoi ça ressemble au Conservatoire / dans le milieu musical ?

Dans l’apprentissage de la musique, les violences pédagogiques sont toute action dans laquelle on force la personne à faire quelque chose qu’elle ne veut pas :

  • La forcer à se représenter en public, à montrer son travail en cours.
  • La soumettre à des critiques alors qu’elle n’est pas prête à les recevoir.
  • La critiquer en face de ses camarades, l’humilier publiquement.
  • Lui donner des critiques non constructives / basées sur la dévalorisation de la personne et non sur son travail.
  • Suivre son propre agenda plutôt que l’épanouissement intellectuel et artistique de l’apprenant·e.
  • Outrepasser les limites physiques de la personne (fatigue, marques d’anxiété, faim, soif, douleur, etc.).
  • Déborder du contrat et se prendre pour un·e professionnel·le qu’on n’est pas : psy, prof de sport, médecin, etc.
  • La soumettre à des violences verbales (insultes, cris, moqueries, etc.).
  • La soumettre à des violences physiques (taper (même légèrement sur la main), bousculer, secouer, piquer (avec une aiguille), etc.).
  • Entraver une progression vers une autre école ou vers un·e autre prof.
  • Lui mentir sur ses compétences.
  • etc.

Pourquoi c’est délétère ?

L’apprentissage est le développement du potentiel intellectuel et physique d’une personne. Malheureusement, ce potentiel peut se développer techniquement mais se rétracter mentalement. En effet, intégrer de nouvelles connaissances mais perdre en estime de soi, en créativité ou en enthousiasme produit l’inverse de l’intention pédagogique : la liberté acquise via le développement technique est gâchée par les traumatismes de l’apprentissage qui vont engendrer une incapacité ou une limitation importante à créer, produire, se représenter. Au contraire, apprendre dans un climat de sécurité et en minimisant les risques de traumatismes permet aux personnes de contacter leur plein potentiel, qui peut ensuite bénéficier à la société.

N’hésitez pas à écouter le témoignage de Francesca Masutti, danseuse classique, qui explique les impacts des violences pédagogiques sur Radio France : Sabrina Hostiou / Francesca Masutti, l’invité du 13/14.

Sans violences pédagogiques, l'élève peut offrir son plein potentiel.

Comment prévenir les violences pédagogiques ?

  • Former les enseignant·es aux risques intrinsèques de la relation enseignant·e – apprenant·e. Les encourager à se former à la Communication Non-Violente, à l’écoute active et à la bienveillance de manière générale.
  • Modifier les structures d’apprentissage de la musique :
    • Modifier la façon dont la gouvernance des écoles de musique est structurée : en augmentant le pouvoir de l’apprenant·e dans son propre espace d’apprentissage (droit de prendre des décisions dans la structure d’apprentissage, influencer le programme, les objectifs, etc.). En faire des espaces d’exercice de la démocratie. Centrer la direction de l’apprentissage en fonction de l’apprenant·e et non en fonction des souhaits de la hiérarchie.
    • Modifier les objectifs de l’apprentissage : au service de la joie, de l’épanouissement artistique au lieu de la formation à la compétition et à l’élitisme de la musique classique.
    • Modifier les habitudes de contrôle de l’évolution de l’apprenant·e : substituer aux examens l’auto-évaluation, l’établissement d’un programme d’apprentissage en tant que contrat entre l’apprenant·e et l’enseignant·e, mesurer la créativité et le plaisir plutôt que la technicité.
  • Former les apprenant·es à l’écoute de leurs limites et à leur légitimité à refuser les violences, les former à l’auto-défense.
  • Former les psychologues aux violences pédagogiques (tellement étendues qu’elles sont banalisées même par les professionnel·les de la santé mentale).
  • Modifier la philosophie du travail et de l’apprentissage : passer d’une culture de la souffrance à une culture de l’épanouissement (encourager ce changement chez soi-même, chez ses enfants, chez ses collègues, etc.).
  • etc.

Libérez-vous, témoignez !

Jusqu’ici, pour sensibiliser aux conséquences des violences pédagogiques dans le domaine de l’apprentissage musical, témoigner est un moyen efficace. C’est aussi un moyen de vous soulager d’une histoire qui n’aurait pas dû être la vôtre, ne devrait pas être que la vôtre, et la « rendre » à la collectivité. Enfin, c’est un moyen de recevoir une écoute attentive, de pouvoir se déposer quelque part. Car je prends le temps de répondre aux personnes qui m’envoient ces témoignages.

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